Evaluation Timss, toujours plus d’inégalités
Mis à jour le 12.12.24
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Les scores en mathématiques et en sciences à l’évaluation Timss publiés dans une note de décembre 2024 de la Depp pointent à nouveau un système français fortement inégalitaire dans un contexte de conditions d’exercice du métier insatisfaisant.
Timss est une étude comparative internationale organisée tous les 4 ans qui mesure le niveau de connaissances scolaires des élèves de CM1 et de 4e en mathématiques et en sciences. Si les résultats sont à relativiser, notamment parce que les types de tests (QCM) correspondent peu aux pratiques pédagogiques françaises, ils interrogent sur l’absence d’amélioration mais surtout sur des inégalités qui se creusent depuis les passations de 2015 et 2019.
Avec un score de 484 points en mathématiques et 488 en sciences, la France, championne des inégalités, demeure en queue de peloton des pays de l’Union européenne, dont les moyennes sont respectivement de 524 en maths et 518 en sciences.
Si, pour le CM1, le sous-domaine “géométrie et grandeurs et mesures” est mieux maîtrisé, avec un score supérieur de 11 points par rapport au score moyen global en mathématiques, le sous-domaine “nombres” est moins bien réussi avec un score inférieur de 5 points.
Ces évolutions marquent le désaveu de la politique éducative menée depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. En effet, les élèves de CM1 qui ont passé ces évaluations en 2023 sont entrés à l’école maternelle en 2017, au moment même où Jean-Michel Blanquer resserrait programmes et formations sur “les fondamentaux”. En France, les PE déclarent consacrer en moyenne 169 heures annuelles aux mathématiques contre 149 heures pour les pays de l’UE (Depp 2024).
Les résultats des filles en chute libre
Timss 2023 pointe l'accroissement des écarts de performance entre les garçons et les filles au détriment de ces dernières dans les deux disciplines. Alors qu’il n’y avait pas d’écart en sciences lors de la passation en 2015, il est de 8 points maintenant en faveur des garçons. Quant aux mathématiques, l’écart de performance est quatre fois plus important passant de 6 points en 2015 à 23 points en 2023, toujours au préjudice des filles. C’est en France que cet écart est le plus important.
Inégalités de résultats en fonction de l’origine sociale
Au-delà des inégalités genrées, Timss confirme les écarts liés à l’origine sociale, déjà mis en évidence par des études précédentes comme PISA. En mathématiques, la France fait partie des pays les plus inégalitaires parmi les pays de l’UE et de l’OCDE, avec un écart de 81 points entre le score, plus élevé, du groupe des élèves les plus favorisés et celui, moins élevé, du groupe des élèves très défavorisés. Par ailleurs, un élève sur 7 ne maîtrise pas les connaissances élémentaires, et le score des 10% des élèves les plus en difficulté est parmi les plus faibles d’Europe.
Une profession maltraitée
Face à ces résultats, l’évaluation Timss tente d’analyser le contexte d’enseignement. Selon une note de la Depp de décembre 2024, les enseignant.es déplorent un manque de formation, notamment en sciences où “80% d’entre eux déclarent n’avoir participé à aucune formation au cours des deux années écoulées contre 51% dans les pays de l’UE”. Alors que l’institution insiste sur les mathématiques par des formations sur “les programmes et les contenus”, les enseignantes et les enseignants souhaiteraient davantage que les thèmes de ces formations correspondent à leurs besoins exprimés, comme “améliorer l’esprit critique ou les compétences des élèves en résolution de problèmes”. Par ailleurs, seuls “22% déclarent se sentir, souvent ou très souvent, estimés en tant qu’enseignant, ils sont 57% dans les pays de l’UE.”
“L’engagement professionnel des enseignants du premier degré n’est absolument pas en cause” affirme Jean-Paul Delahaye dans sa tribune publiée dans le Monde. Cet ancien directeur général de l’enseignement scolaire rappelle que les classes “ont les effectifs les plus lourds d’Europe, ont les rythmes scolaires qui sont les plus insensés, et ont des enseignants très mal payés”. “Notre pays dépense 10% de moins que les autres pour l’école primaire” ajoute-t-il.
Si la rue de Grenelle se félicite de la stabilité des résultats, ceux-ci témoignent des difficultés structurelles du système éducatif français à réduire les inégalités et à faire entrer les élèves dans les apprentissages. Ils témoignent aussi de l'inefficacité du plan de formation Torossian Villani, initié sous le ministère de Jean-Michel Blanquer.