Des coulisses au lever de rideau
Mis à jour le 23.05.25
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Reportage dans les coulisses d'une école de la Drôme
À l’école Pierre Rigaud de Valence dans la Drôme, un parcours théâtral sur le long terme développe les apprentissages culturels.
« Ça apporte un peu d’art dans ma vie et des moments passés tous ensemble, en travaillant et en s’amusant », dit Aleks à propos du projet théâtre auquel il participe à l’école REP Pierre Rigaud située dans un quartier excentré de Valence (Drôme). Un avis qui valide l'objectif « d’offrir un enseignement artistique et culturel à nos élèves, éloignés de cette culture » selon la directrice Claudie Pardigon. Ce matin, derrière de longs rideaux rouges aménageant une scène virtuelle dans le vaste préau, Franck Giraud, comédien, anime le treizième atelier de l’année avec les élèves du CE2/CM1/CM2 de Véronique Andraud. À la première note de musique, tout le monde se place spontanément en cercle et démarre une série d’exercices centrés sur l’attention, le regard et l’écoute des autres.
Les élèves enchaînent déplacements, pauses, contacts, échangent regards et chuchotements complices. « Chaque action est pour les autres, comme dans le sport, sans la compétition », explique le comédien, « on fait appel au corps, à l’écoute, au regard des autres, sans juger ». « J’aime bien, ça me donne de la joie quand on se met en statue ensemble pendant les ateliers », apprécie Jennah. « L’année dernière j’étais timide, cette année moins parce que ça me plaît », avoue Zeinep. Pour Famariska, « le théâtre aide aussi à nous exprimer comme avec la poésie. » Suit un travail sur le texte et sa mise en scène créée collectivement dans un climat de confiance mutuelle. Les enseignantes, formées par les professeur·es de théâtre du collège de secteur, poursuivent ces ateliers hebdomadaires en classe.
CRÉER UNE CONNIVENCE CULTURELLE
Depuis quatre ans, l’équipe pédagogique construit un parcours financé par la ville, destiné à familiariser les CE2/CM1/CM2 avec le théâtre, d’un point de vue artistique et technique. Il se concrétise par des sorties annuelles au théâtre pour y découvrir spectacles, coulisses, métiers associés, artistes, technicien·nes et appréhender un vocabulaire spécifique. À cela s’ajoutent des ateliers à l’école animés par deux comédiens. Une aisance pour la prise de parole est acquise grâce à un travail au long court, même par des élèves silencieux au début. L’enseignante se félicite de l’« engagement collectif exceptionnel du groupe qui propose des idées de mise en scène et prend des initiatives. »
L’attention demandée lors des ateliers est remobilisée en classe par ses élèves, dans une ambiance apaisée. « On vit ces expériences ensemble, témoigne-t-elle. Mon regard sur eux change aussi et j’y prends beaucoup de plaisir. » La connivence avec la pratique théâtrale incite à la réinvestir en classe, en lecture par exemple : « Quand on ne comprend pas un texte, on joue la scène et ça marche ! ». Les retours des artistes, à l’occasion d’ateliers en extérieur ou de spectacles, attestent d’une réelle qualité d’écoute de la part d’élèves devenus spectateurs et spectatrices avisées. Pour Franck, le long terme permet de créer une complicité qui facilite la confiance mutuelle et l’intégration « des règles d’un jeu sérieux qui consiste à raconter ensemble une histoire et à être écouté ».
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