Pour un autre budget : des mobilisations nécessaires

Mis à jour le 02.09.25

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Le 15 juillet dernier, le Premier ministre François Bayrou  annonçait un plan de 43,8 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026. Justifié par le poids de la dette, ce projet s’inscrit dans une logique d’austérité qui pèsera lourdement sur les salarié·es, les retraité·es et les demandeurs et demandeuses d'emploi, tout en préservant les plus riches et les grandes entreprises.

Des mesures emblématiques et injustes

Le projet de budget prévoit notamment :

  • la suppression de deux jours fériés, transformés en travail non rémunéré (4,2 milliards d’euros) ;
  • une « année blanche », sans revalorisation des prestations sociales ni des pensions, et un gel des barèmes liés au calcul de l’impôt sur le revenu, ce qui implique que de nombreux foyers paieraient des impôts pour la première fois ou plus d’impots qu’actuellement..(7,1 milliards d’euros) ;
  • une nouvelle réforme de l’assurance chômage, réduisant encore les droits des demandeur·ses d’emploi ;
  • des coupes dans la santé qui pèseront encore plus sur le budget des plus précaires : franchises médicales, limitation des ALD (Affections Longue Durée), restrictions sur les arrêts de travail ;
  • un glissement vers une “TVA sociale”, mécanisme qui consiste à augmenter la TVA (qui reste l’impôt le plus injuste pour les ménages modestes car non lié aux revenus) pour financer la protection sociale, tout en réduisant en parallèle les cotisations sociales des entreprises.

Une dette instrumentalisée

Contrairement au discours gouvernemental, la dette publique ne s’explique pas par une explosion des dépenses qui sont stables depuis 2017 (57 % du PIB en 2017, 57,2 % en 2024), mais par une baisse massive des recettes (308 milliards d’euros perdus en sept ans), du fait de cadeaux fiscaux octroyés aux plus riches et aux grandes entreprises.

Le creusement de la dette sert désormais de prétexte à un plan d’austérité historique alors que dans le même temps prévoit d’augmenter de 6.5 milliards le budget de la défense pour le réarmement de la France.

Fonction publique et services publics attaqués

Des suppressions de postes massives sont envisagées : 3 000 emplois dans la Fonction publique d’État et jusqu’à 1 500 dans ses opérateurs. Dès 2027, un·e fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne serait pas remplacé·e. 

L’« année blanche » annoncée pour 2026 signifie qu’aucune revalorisation ne sera accordée dans les ministères. Les plafonds de dépense transmis par Bercy durant l’été aux différents ministères donnent déjà une première traduction concrète des annonces de François Bayrou. 

Budget 25 Vs 26

Un budget qui pénalise les retraité·es

Les pensions ne seront pas non plus revalorisées, l’allocation de solidarité aux personnes âgées stagnera, et l’abattement fiscal de 10 % sera remplacé par un forfait bien moins favorable.

D’autres choix sont possibles

En choisissant de réduire massivement les dépenses publiques (hors défense) sans toucher aux recettes, le gouvernement engage avec le budget 2026 une attaque frontale contre notre modèle social. Alors que les richesses continuent de se concentrer dans les mains des plus aisé·es, aucune mesure de redistribution n’est prévue, ni par une fiscalité plus juste sur les hauts revenus, ni par un investissement renforcé dans les services publics “le seul patrimoine de celles et ceux qui n’en ont pas”.

Pourtant, des alternatives existent :

  • une taxe Zucman sur les 0,1 % des foyers les plus riches rapporterait 15 à 25 milliards d’euros,
  • la suppression de niches fiscales considérées comme injustes et climaticides, 17 à 19 milliards,
  • un Impôt Sur la Fortune (ISF) rénové, 10 à 15 milliards,
  • la fin de la flat tax (taxe mise en place par Macron en 2018, ce mode d’imposition sur les revenus du capital permet aux plus aisés de contourner l’impôt sur le revenu), 9 milliards,
  • une taxation unitaire des multinationales (système qui consiste à calculer le bénéfice mondial d’un groupe et à le répartir entre les pays où il exerce son activité, afin d’y être imposé de manière plus juste), 18 milliards,
  • un contrôle de l’utilisation des 211 milliards d’aides publiques aux entreprises réduirait fortement des dépenses inefficaces.

L’austérité n’est donc pas une fatalité, mais bel et bien un choix politique : un autre budget est possible, plus juste et véritablement redistributif.

Des mobilisations nécessaires 

Dès juillet, l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU et Solidaires) a lancé une pétition contre ce projet, déjà signée par plus de 376 000 personnes. 

Des rendez-vous unitaires sont prévus :
- le mercredi 10 septembre, le syndicat appelle à participer en intersyndicale aux mobilisations (rassemblements, manifestations, grèves).
- le jeudi 18 septembre, le syndicat appelle à s’engager dans la construction de la grève dans le cadre de la journée de mobilisation et de grève intersyndicale.

Quelle que soit l’issue du vote de confiance du 8 septembre, la bataille sur le budget ne fait que commencer. La FSU-SNUipp appelle à se mobiliser pour défendre une autre politique, fondée sur la justice sociale et l’investissement dans les services publics.