En pleine nature
Mis à jour le 21.06.25
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Reportage en classe dehors chez des CE1-CE2 en Gironde
En Gironde, de l’école Paul Bert de Bordeaux au parc Palmer à Cenon, les élèves de CE1-CE2 font classe.
« C’est une buse », chuchote Louise, élève de la classe de CE1-CE2 de l’école Paul Bert située dans l’hypercentre de Bordeaux (Gironde). Chaque semaine, un quart d’heure de tram et dix minutes de marche dynamique suffisent pour changer de décors et découvrir le calme et la végétation luxuriante du parc Palmer sur les hauteurs de Cenon. « Que fait-on quand on voit un animal ? », demande doucement l’enseignante, Laure Demarne. Le silence se fait, les oreilles aux aguets et les yeux grands ouverts, les élèves observent le ballet de la buse rejointe par une seconde. L’école dehors a commencé.
« Aujourd’hui, vous avez deux missions à réussir en équipe, lance Laure, assise au pied d’un grand chêne. Trouver des éléments, feuilles, plantes et insectes qui contiennent un ou plusieurs axes de symétrie et faire des dessins d’observation naturalistes de différentes fleurs les plus scientifiques possibles ». Outillés de crayons, gommes, cahiers et loupes, les groupes se dispersent dans les hautes herbes, autour de souches d’arbres ou dans la forêt, accompagnés d’un adulte. Si une équipe ramène rapidement des trouvailles exclusivement végétales à l’enseignante, d’autres délogent pyrrhocore, cloporte et limace gluante. Les fleurs et feuilles sont délicatement pliées pour faire apparaître différents axes de symétrie, les animaux, eux, sont pris en photo. Pendant ce temps, Jill, Ariel, Moustapha et Salomé se sont installés avec leur cahier nature autour d’un banc transformé en table pour étudier une fleur de ronce grâce à une boîte loupe. L’enseignante pousse certains élèves à aller plus loin dans leur observation pour que sépales, pistils et étamines apparaissent sur leur dessin. À l’appui de planches botaniques, tous ces croquis sont repris et complétés de retour en classe.
AU SERVICE DES APPRENTISSAGES
L’enseignante a toujours pratiqué une pédagogie de projets et des sorties régulières. La découverte d’une mise en œuvre de l’école dehors par la conseillère pédagogique Crystèle Ferjou, la convainc de passer à une pratique hebdomadaire. « La régularité permet aux enfants de voir le lieu évoluer et de s’y attacher. Et quand on s’attache, on protège ». Laure sème des graines pour former des futurs éco-citoyens et citoyennes, qu’elle couple avec une exigence scolaire et le respect des programmes.
Ses séances sont construites dans un va-et-vient permanent entre le dehors et le dedans. « Les élèves apprennent dehors avec tous les sens en éveil, en bougeant mais aussi en mettant des mots dessus ». Observer, classer, utiliser des clés de détermination, tous ces apprentissages éprouvés sur le terrain s’ancrent durablement grâce aux échanges langagiers lors de phases d’institutionnalisation de retour à l’école. De même, « les connaissances acquises en classe sur les moyens de transport, la lecture de cartes, de plan ou de paysage sont mobilisées tout au long de l’année, lors des sorties. Et en plus de questionner le monde, aller dehors nous permet aussi de travailler les maths, la production d’écrits, les arts, quasiment tous les domaines scolaires, tout en prenant le temps de respirer et d’éprouver du plaisir. »
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