Montpellier : demain nous appartient

Mis à jour le 26.09.25

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Isaac Scholl, une école adaptée au changement climatique qui s'inscrit dans une politique globale

À l’école Isaac Scholl, les élèves et les personnels découvrent de nouveaux locaux conçus pour répondre aux enjeux environnementaux de demain. Un projet d’adaptation au changement climatique inscrit dans une politique globale de la ville.

En ce troisième jour de rentrée, assis par terre, allongés sur un tronc d’arbre ou cachés sous un voile d’ombrage, les élèves de maternelle de l’école primaire Isaac Scholl – du quartier Nouveau Saint-Roch proche de l’hypercentre de Montpellier (Hérault) – découvrent et s’emparent de leur cour oasis. Tandis que Gaëtan* et Noura s’appliquent à faire de petits tas avec les copeaux de bois pour les transvaser dans la benne du gros camion jaune, Léa sautille sur les marquages au sol en forme de pattes d’oiseaux. Khadidiatou, elle, s’est mise à l’abri du soleil et joue avec Iram aux petites voitures au pied de l’arbre qui traverse le plafond du préau, laissant ainsi percevoir la belle lumière du ciel montpelliérain.

Au premier étage, les élèves d’élémentaire ne sont pas en reste. « Ils investissent le magnifique espace dédié au foot et au basket situé dans un coin de la cour laissant tout le reste de l’espace libre pour des jeux divers », note Angélique Dupré, maîtresse du multiple niveau du CP au CM2. De longs bancs longent la végétation où des nichoirs ont été installés invitant les élèves à observer la nature, jouer ou bavarder tranquillement au soleil ou à l’ombre. « Des bacs à plantation ont été mis à disposition et invitent à faire du jardinage et des sciences même si je n’ai pas trop la main verte », sourit Angélique.

AGIR POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Bien que l’équipe ait fait son premier conseil des maîtresses le 18 août dernier, de nombreux cartons sont encore à ouvrir et des commandes à réceptionner dans cette nouvelle école. « Nous sommes en phase de découverte et nous n’avons pas encore tous nos repères, précise Bénédicte Barrere, enseignante de maternelle et directrice du groupe scolaire. Mais avec l’accès direct au parc, nous avons déjà demandé aux parents des bottes pour faire classe dehors. Nous avons une carte à jouer pour sensibiliser les nouvelles générations au respect de la nature et aux gestes vertueux ». Et cela commence par des petites choses, comme par exemple comprendre et respecter des règles du type « ne pas cueillir les fleurs des plantations ou ne pas obstruer l’évacuation des égouts avec les copeaux de bois ». Pour cette enseignante, la conception et la réalisation de cette école font partie des actions concrètes pour le développement durable.

“Nous avons une carte à jouer pour sensibiliser les nouvelles générations au respect de la nature et aux gestes vertueux”

Si le parti pris architectural se veut à la fois ludique et géométrique, le bâtiment a été conçu pour tenir compte du climat méditerranéen qui subit de plus en plus d'épisodes caniculaires. L’école a reçu le label Bâtiment durable Occitanie (BDO) niveau or qui certifie une démarche et une construction respectueuses de l'environnement. L’utilisation de matériaux durables, d’isolants efficaces, la présence de nombreux espaces ombragés ou de brise-soleils pour se protéger du rayonnement solaire ou encore les brasseurs d’air dans toutes les pièces en témoignent. « Il n’y a pas de climatisation, toute l’école est rafraîchie grâce à un système de ventilation à double flux », précise la directrice. Des panneaux solaires sur le toit permettent d’alimenter en grande partie le besoin en électricité du bâtiment. « Ce qui n’est pas consommé localement est distribué aux autres bâtiments de la ville dans un rayon d’un kilomètre autour de l’école », détaille un agent du service énergie de la ville de Montpellier.

UN PROJET GLOBAL

Cette école s’inscrit dans le plan école 2030. « 400 millions d’euros pour construire, rénover et adapter le patrimoine des 113 écoles de Montpellier », souligne Véronique Brunet, première adjointe au maire. Un effort important est également fait sur « la sécurisation des abords des établissements scolaires » avec la construction de cheminements doux et des rues bloquées à la circulation aux heures d’entrées et de sorties de classe. « Nous avons construit 263 kilomètres de pistes cyclables durant le mandat pour inviter les familles à venir à pied ou en vélo. Un effort qui participe aussi à l’objectif de décarbonation de la ville », ajoute l’élue.

 Montpellier est la première ville à avoir interdit la circulation des automobiles dans son centre historique dans les années 80 et s’enorgueillit d’être aujourd'hui, avec 160 hectares, en tête des villes de France pour sa zone piétonne. « La renaturation de la ville avec 50 000 arbres plantés, la préservation d’espaces agricoles, la sauvegarde des parcs ou encore la transformation des fontaines en miroir d’eau sur les grandes places publiques participent au rafraîchissement de la ville », détaille Véronique Brunet. Cette ville de 307 000 habitant·es (516 000 pour la métropole) est la seule grande ville de France à avoir rendu entièrement gratuit les transports en commun tout en continuant à étendre ses lignes de tramway. Le pourtour méditerranéen se réchauffe 20 % plus vite que les autres régions mondiales, ce qui en fait la deuxième zone la plus touchée après l’Arctique. Dans cette ville où brille un si grand soleil, la métropole a compris que l’urgence climatique oblige à repenser le quotidien.

*Tous les prénoms ont été modifiés.

RÉNOVER LE BÂTI SCOLAIRE : UNE URGENCE

« La rénovation des écoles et des établissements scolaires est non seulement une nécessité écologique [...], mais aussi un puissant levier d’éducation et de prise de conscience collective face aux défis climatiques », note le rapport “L’école bien dans ses murs : pour une rénovation du bâti scolaire public” de l’Alliance écologique et sociale (AES). L’AES, composée de syndicats et d’associations*, dresse un constat alarmant. Une grande majorité des bâtiments scolaires s’avèrent inadaptés aux vagues de chaleur et aux températures extrêmes (été comme hiver).

Seuls 14% des écoles primaires répondent aux normes “bâtiments basse consommation”. La vétusté entraîne manque d’isolation thermique, infiltrations, moisissures et dégradation de la qualité de l’air affectant la santé des élèves et des personnels. Les écoles des quartiers défavorisés et des DROM sont particulièrement concernées. Le rapport pointe également le manque de financement des collectivités et les budgets insuffisants alloués par l’État qui ne respecte pas ses obligations en matière de santé et sécurité au travail.

L’AES appelle à mettre en place un protocole d’urgence pour les évènements climatiques extrêmes, à recréer l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement, à adapter et rénover les bâtiments en concertation avec les personnels, élèves, parents et à mettre en place un financement d’urgence. Le rapport insiste sur le rôle essentiel de l’État pour garantir l’équité territoriale et financer cette rénovation indispensable.


*FSU, Sud Éducation, CGT Éduc’Action, Greenpeace France, Oxfam France,
Les Amis de la Terre, Confédération paysanne, Attac.

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