Plan chlordécone : premières victoires
Mis à jour le 20.06.25
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L'Etat condamné...
L’État a été condamné, le 12 mai dernier, par le tribunal administratif de la Martinique à indemniser deux anciennes ouvrières agricoles de leur « préjudice d’anxiété » à raison de leur exposition chronique au chlordécone. Ce pesticide, utilisé massivement à partir de 1972 dans les bananeraies de Martinique et Guadeloupe, a été classé comme « cancérogène probable » par l’Organisation mondiale de la santé dès 1979. Interdit en France en 1990, il a été utilisé jusqu’en 1993. Ce scandale sanitaire a des conséquences sur les ouvriers et ouvrières ayant travaillé directement au contact du chlordécone mais aussi sur l’ensemble de la population, suite à la contamination durable des sols, des cours d’eaux et milieux marins, du bétail, de la production de fruits et légumes.
Selon Santé publique France, en 2014, 14 % de la population adulte en Guadeloupe et 25 % en Martinique avait dans le sang « une valeur seuil au-delà de laquelle le risque d’apparition d’effets sur la santé ne peut être exclu ». Les premières mesures d’impact, de protection de la population et de soutiens aux personnes travaillant dans l’agriculture, l’aquaculture et la pêche ne voient le jour qu’en 2008 avec le premier plan chlordécone interministériel. Si le plan chlordécone IV 2021-2027 annonce une stratégie qui « concrétise la reconnaissance de la part de responsabilité de l’État dans le scandale environnemental », la bataille judiciaire n’est pas terminée. En effet, alors que le tribunal administratif de Paris a reconnu en 2022 « les négligences fautives » des autorités et l'Assemblée nationale la responsabilité de l’État en février 2024, de nombreuses victimes restent à indemniser.