Maternelle : la littérature
Mis à jour le 23.10.22
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FsC 485 Maternelle : Stéphane Bonnéry explique les implicites à lever dans la littérature jeunesse et les façons de la rendre plus accessible à tous les enfants. Conseils pour les PE.
Stéphane Bonnéry est professeur en sciences de l’éducation, Circeft-escol, Paris 8*.
Quels sont les implicites à lever dans la littérature jeunesse ?
La littérature se définit par ses implicites, ce n’est pas une notice de montage de meubles. L’auteur joue avec le lecteur, ménage des sous-entendus. Pour un lectorat enfantin donc débutant, ces implicites sont des occasions d’explicitation, de découverte. Par exemple, dans une double page, le rapport entre le texte et l’image est important pour comprendre ce que veut dire l’auteur. Disent-ils la même chose, se contredisent-ils ou apportent-ils des éclairages complémentaires ? La trame générale est-elle énoncée par le texte, ou à trouver ? Les intentions des personnages sont-elles énoncées? On peut aussi trouver des allusions à des œuvres supposées connues du lecteur ce qui n’est pas forcément le cas.
Comment rendre la littérature jeunesse accessible à tous les enfants ?
Ces albums peuvent participer à armer intellectuellement les enfants de milieu populaire à devenir des lecteurs. Mais si on choisit ce type de livres, il faut enseigner et pas seulement mettre les enfants devant. La culture des familles pour une grande majorité n’est pas dans la connivence avec la culture scolaire. Les albums qu’elles possèdent comportent bien moins d’implicites en général que ceux présents dans les familles plus cultivées.
De quels conseils les PE pourraient-ils avoir besoin ?
Utiliser ces livres nécessite d’avoir conscience qu’ils ne sont pas faciles d’accès, d’appropriation. Il faut assumer d’enseigner sur les intentions des personnages. Par exemple, identifier des indices montrant qu'un personnage ruse peut être l’objet d’un travail dans la durée. Apprendre à considérer un imprimé comme un lieu de prélèvement d’indices pour produire des significations est capital pour développer des capacités de lecture nécessaires pour la suite de la scolarité, pour être un lecteur critique, futur citoyen et futur être cultivé.
*Stéphane Bonnéry, « Inégalités sociales, inégalités scolaires et littérature enfantine : lecture explicite et implicite », in Régine Sirota & Sylvie Octobre, Inégalités culturelles : retour en enfance : Ministère de la Culture / Presses de Sciences po, 2021, p. 229-253.
Stéphane Bonnéry, « Des livres pour enfants. De la table de chevet au coin lecture », in Rayou Patrick, Les nouvelles frontières de l’école, Presses Universitaires de Vincennes,
2015, p. 193-214.